Ombres 2

 L'ombre qui est absence se matérialise par une silhouette mince , sans épaisseur, portée par une surface qui la reçoit.
Cette apparence, hiéroglyphe de l'objet qui la crée, peut égarer l'esprit.

 Elle peut l'emporter vers des régions où la lumière, trop longtemps parfumée d'innombrables étincelles, masque les idées.

On reconnait un véritable moine lévitant à la séparation d'avec  son ombre. La méditation ou l'insouciance conduisent au détachement..

Ombre I

OMBRE I

On dit que l'ombre est absence de lumière comme le mal est l'absence de bien.

La chanson dit: " Je serais l'ombre de ton ombre."

Que serais-je?

Pourrais-je me reposer à l'ombre de ton ombre?

Et à l'ombre de tes yeux?

Les créatures de l'ombre fourmillent d'envie de lumière.

Sous la roche plate, elles vivent pressentant la clarté fulgurante.

Si vous soulevez le caillou, prière de le remettre à l'endroit.

Sans trop perturber le Monde on peut quand même le regarder, l'observer, l'aimer et peut-être le comprendre.

Le phare de Walde

Le phare de Walde

Bien campé sur l'estran, c'est un phare

Qui n'est plus qu'un écho sur les écrans radars.

Sa rouille qui, (jusqu'à quand?)

ronge et orne ses sept quilles

N'impressionne plus guère

Que les phoques qui roupillent

En pensant à la guerre.

les rares oiseaux qui me visitent sont chauves

Je n'échappe pas au tourment.

Nous devons jaillir.

Les portes de bronze glacé sont fermées aux poètes.

Comme une odeur de pétale dans la pénombre

Sa silhouette ravagée chamboule mon ordinaire.

Et son maquillage au brou de noix

Qui lui donne un petit air boucané

ça sent l'amertume.

Même sous un éclairage a giorno

Elle n'inspire ni la révérence

Ni la génuflexion.

Ses cheveux peignés à coups de grisou

Lui donne un air morose

Même sans épreindre ses sucs

ça sentait la dévastation,

Comme une odeur de pétale dans la pénombre.

T'as vu ta bobine?

 En me promenant dans le cimetière du Montparnasse j'ai croisé la tombe de Ruhmkorff non loin de celle de Simone et Jean-Paul.
Pas une fleur ni sur l'une ni sur l'autre. Et pourtant chacun de ces personnages a fait de l'effet chacun à leur manière.

 Ruhmkorff a développé et construit des bobines électriques , qui pouvaient produire des arcs de plusieurs décimètres jetant l'effroi dans les salons. On les a installées ensuite dans les automobiles pour l'allumage de l'essence dans les cylindres . ça échauffait les passagères.
Avec Ruhmkorff ça déménage, avec Simone aussi.

ça déménage dans les salons

M'inspirant des travaux de Ruhmkorff ,j'ai construit dans les années soixante le Racinographe, sorte de transmetteur végétal.

Les figures de Chladni

Figures de Cladni

Les figures de Chladni ont épaté du monde dans les salons fleuris. 

Elles en épatent encore.

Un coup d'archet sur une plaque saupoudrée et vous apparaissez figures époustouflantes.

Lignes nodales qui entourez des zones d'un trait sûr et marqué, vous montrez des visages, des mosaïques, des ombres et sur le fond des guitares des personnages masqués.

Hommage à Sophie Germain

                                     

La face cachée de la bande à Moebius

On s'agite dans la bande à Moebius.

On remue, on fricote, on bricole.

Faut éclairer, y a pas de croum

Pour les douceurs.

Les rigolots s'effacent en bombant le torse.

Les louises font vibrer la crinoline.

Y a du baroud à tous les étages.

Nous calmes et sereins on s'embarque.

Les créatures d'Eva

Ma petite fille Eva me fait parvenir de nombreux dessins de princes, princesses, dragons mais aussi de toutes sortes de créatures.

 Qu'est-ce qui, pour moi, fait qu'une chose est une créature? Une holothurie est-elle vraiment une créature? Un ver de terre?

Je sais bien sûr que créature s'oppose à ce qui est incréé. Mais quand même, j'ai de la peine à penser qu'une pierre soit une créature, quoique son sort par son caractère d'éternité soit enviable à certains égards.

J'inclinerais à penser qu'une créature qui se respecte doit avoir des yeux, deux seulement si possible. Pas forcément des pattes mais de quoi se déplacer honorablement. Cela laisse, quand même, beaucoup de place à la diversité tant réelle qu'imaginaire.

Les silures sont des créatures.

Les créatures sont créées c'est sûr!

Par qui? Par la Nature?

Et qui a créé la Nature?

Oh! ça c'est dur!

Faut voir du côté du Big-bang

Avec ses boursouflures sous diverses moutures.

Mais  ça me donne des engelures de cerveau 

Comme après une biture.

La Géante

Pour forer la pierre dure

Qui lui sert d'oreiller

Il faut des mèches d'acier

Trempé jusqu'aux nouures.

La pierre bien ajourée

Forge des rêves baroques,

 Prolongés, serpentins et loufoques.

La grande bringue bien calée

Les pieds dans l'écoutille

Roupille.

Pas question qu'on l'émoustille.

Qui n'a rêvé comme Baudelaire:

"Dormir nonchalamment à l'ombre de ses seins?"

Guitare

S'il le faut nous nous accommoderons

De ces restes de guitare.

Nous les accorderons aux gestes oubliés

Les remplirons de zestes émincés

Et les ferons revenir et revenir encore.

Alors humant les fumets goûtant les sucs

Nous nous dirons: ce n'était pas si mauvais.

Les os mus vite

Si les os mus vite se conservent bien, c'est qu'ils n'ont

pas le temps de s'apitoyer sur leur sort.

Ils offrent peu de prise au vent et sont parfaitement imperméables.

Les os mus sont moins capricieux que les os lents ou 

les os fixes, on les apprivoise mieux.

Les os vite sont de compagnie agréable, ils conversent gentiment.

Ne vous séparez pas de vos os!

Osez vos os!

Les frises ça décoiffe

Si les coiffes ça défrise, les frises ça décoiffe.

Alors qu'il y a dans toutes les cultures des centaines de types de coiffes, il n'y a, à strictement parler que sept types de frises.
Les voilà!

A partir de là j'ai nommé chaque type avec un ou deux mots.

Type 1 "pépé"

Type 2 "pébé"

Type 3 "pépé bébé"

Type 4 "péku"

Type 5 "pédé"

Type 6 "péku bédé"

Type 7 "péku débé"

 D'après Olivier Keller les sept types de frise sont représentés dans des dessins préhistoriques depuis au moins 35000 ans

Il est amusant lorsqu'on est en présence d'une frise de chercher son nom.

La rumba

Les perfides souillons préfèrent l'arôme bas

Et leurs genoux cagneux cognent les murs crépis

Leurs sacs sont pleins de mensonges rabougris

Leurs bustes flétris n'émeuvent que des ombres.

La rumba c'est autre chose

La rumba

C'est le cartilage des anges

La carrosserie rutilante de bolides enhardis

Des courses effrénées dans la savane orange.

La rumba

C'est Michel-Ange contre un marbre endormi

C'est un feu d'artifice qui pète dans un taudis

C'est l'éponge au fond de l'eau

Qui contemple le ciel.

Obscur désordre

 Les rares passants honnêtes changent de trottoir sans soulever leur chapeau, dans leur gibecière ouverte on peut voir des rascasses, des turbots, des vives à l'aiguillon caché.
La somme des crimes éteints, blanchis, oubliés, égarés pave des espaces comblés, encombrés, envahis où de caisses empilées jaillissent des congres parfumés.
Nous ne rirons plus au loin comme au temps des violettes irisées quand, des feuilles alanguies nous caressaient la face.

Nos chemins sont couverts d'amertume et les forces opposées pensent au mariage posthume.

Pas de songe précieux ni de rêve audacieux. Nos bras pendent et nous sommes courroucés.

Le désordre obscur et insensé râpe la gorge en rongeant le Cosmos.

Les rares passants honnêtes changent de trottoir sans soulever leur chapeau par leur gibecière ouverte pendent des oripeaux.

Alain Croquelois 26 mars 2015

Equilibre

Equilibre

Mais les forces nous manquent pour rejoindre les nids

Où des aigles attentifs surveillent les fils à plomb meurtris.

L'équilibre ce Roméo qu'effleurent assis

Des gueux en loques aux margelles des puits

Ressemble trait pour trait aux plaines infinies

Que parcourent à pas lents des brutes endormies.

Mais quand rejoindrons-nous ce Roméo assis?

L'arbre cosmique

Racines en haut pour chatouiller les cieux

Barbe en l'air pour fouailler l'atmosphère

Tronc obèse d'avoir tant retenu d'eau.

Le bas au haut

Le haut au bas

Le bas au bas

Le baobab.