Le crabe et le papillon
Au pied d’une falaise blanche la mer battait
Et rebattait de gros blocs écroulés.
Un crabe s’épuisait à vouloir grimper
Sur des rochers tapissés d’algues humides.
Le ressac l’écartait et l’écartait encore du
poste convoité.
Un papillon frivole voyant le lourdeau
encombré
Pattes, carapaces, pinces inutiles.
Lui tint à peu près ce langage :
Que vous sert votre armure, votre force, votre
ardeur
Si vous ne pouvez jouir de l’endroit
désiré ?
Disant cela, le papillon virevolte autour du
tourteau
Se moque, le raille et le nargue de ses
cabrioles.
Il s’approche tant et si bien qu’une lame
Plus forte l’inonde et le trempe entièrement.
Le voilà mouillé, transi, ballotté dans les
remous,
Prêt à sombrer comme un navire dégréé.
Le crabe alors lui dit :
Que te servent ton aisance, ton arrogante
légèreté
Te voilà trempé, en péril, bientôt prêt à couler.
Rengorge ton orgueil, grimpe sur mon dos
Au hasard d’une vague si tu le peux et je t’en
sortirais.
Chétifs, malingres, costauds ou vigoureux
Plutôt
que de se moquer il se faut entraider.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire